SM le Roi Mohammed VI a adressé un message aux participants à la rencontre organisée, à l'occasion de la commémoration du cinquantenaire de la disparition de Mehdi Ben Barka, dont lecture a été donnée par M. Abderrahmane Youssoufi
''Louange à Dieu Paix et salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons,
Mesdames, Messieurs,
Il M’est agréable de vous adresser cette allocution à l’occasion de la commémoration du cinquantenaire de la disparition de Mehdi Ben Barka.
Avant toute chose, Nous nous rappelons ensemble qu’il était un homme de paix, et qu’il était proche de la Famille Royale.
Et bien que cet anniversaire vienne à un moment où de nombreuses questions restent sans réponse, Nous avons tenu à partager avec vous cet événement, sans inhibition ni complexe par rapport à cette affaire, et en témoignage de l’estime dont il jouit auprès de Nous et des Marocains.
On doit rappeler ici que la période postindépendance a été chargée de tumultes et de luttes en tous genres concernant la voie que le Maroc indépendant devait emprunter à l’époque.
Nous ne sommes pas là pour émettre des jugements sur les positions adoptées par l’une ou l’autre partie.
Une chose est sûre, le commun dénominateur qui rassemblait tous les Marocains pendant cette période historique a été d’œuvrer au mieux des intérêts du pays, d’en promouvoir le développement et le progrès et d’en défendre les Causes, chacun selon ses convictions et ses orientations.
Quoi qu’il en soit, Ben Barka est entré dans l’Histoire, sachant il n’y a pas une mauvaise Histoire ou une bonne Histoire. Il n’y a que l’Histoire en tant que telle, c’est-à-dire la mémoire de tout un peuple.
Or nous ne devons pas perdre de vue que les ennemis du Maroc ont instrumentalisé cette affaire pour nuire à l’image de notre pays.
Mesdames, Messieurs,
Les pays se construisent sur le socle de leur histoire, avec son actif et son passif. Et un peuple sans histoire est un peuple sans identité, qui n’a pas d’avenir.
Aussi, il faut tirer les enseignements de l’affaire Ben Barka et s’en servir dans l’intérêt de la Nation, pour nous aider à construire et non à détruire.
Là, il Me vient à l’esprit ce que j’ai dit en 2004 dans le Discours d’installation de l’Instance Equité et Réconciliation, où j’ai affirmé que le peuple marocain assumait courageusement son passé, et que, au lieu de rester prisonnier de ses aspects négatifs, il s’attachait à y puiser la force et le dynamisme nécessaires pour bâtir une société démocratique moderne.
Mesdames, Messieurs,
Lorsque J’étais Prince Héritier, la Fondation Abderrahim Bouabid m’a invité en 1997 à participer à son colloque international sur la transition démocratique.
A l’époque, Mon Vénéré Père, Sa Majesté le Roi Hassan II, que Dieu ait son âme, m’a conseillé d’accepter l’invitation. J’y ai donc participé et prononcé une allocution à cette occasion.
Me voilà aujourd’hui, des années plus tard, M’adressant à vous une nouvelle fois pour réaffirmer que la monarchie, hier comme aujourd’hui, est attachée à la symbiose qui unit les composantes de la nation, à condition que soient respectées les constantes et les valeurs sacrées pour la défense desquelles de nombreux marocains libres, dont Mehdi Ben Barka, se sont sacrifiés.
Assumant la charge qui M’incombe en Ma qualité de Amir Al-Mouminine et Roi du pays, Je ne ménagerai aucun effort pour préserver le choix démocratique de notre nation et protéger les droits et les libertés dont les citoyennes et les citoyens jouissent individuellement ou collectivement.
Mesdames, Messieurs,
L’Histoire n’est pas que l’enregistrement des faits tels qu’ils se sont produits à une époque donnée. Elle est aussi la méthode de consignation de ces événements et l’explication qui en est donnée par chacun, selon son optique et en fonction de sa position.
Le plus important est de s’attacher à ce que tous les Marocains puissent s’approprier leur histoire, avec ses succès et ses revers, pour vivre leur présent dans un climat sûr et stable et s’atteler en toute confiance et avec beaucoup d’optimisme et d’espérance à l’édification d’un avenir meilleur.
Wassalamou alaikoum warahmatoullahi wabarakatouh''.