Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, a adressé un Message aux participants à la 10ème édition de la « World Policy Conference » qui a entamé ses travaux vendredi à Marrakech.
Voici le texte intégral du Message Royal dont lecture a été donnée par le conseiller du Souverain, M. Yassir Znagui.
‘’Louanges à Dieu, Que la prière et la paix soient sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons, Excellences,
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Il M’est agréable de M’adresser aux participants à la réunion annuelle de la « World Policy Conference », qui tient sa dixième édition, à Marrakech.
Placée sous Notre Haut Patronage, cette importante rencontre dans la ville ocre offre, à d’éminentes personnalités issues d’horizons divers, l’opportunité de débattre des grands enjeux régionaux et internationaux. Elle contribue également à améliorer la gouvernance dans ses dimensions de réflexion, de décision et de contrôle, afin de promouvoir un monde plus ouvert et plus respectueux de la diversité.
La réflexion approfondie dans le cadre d’un débat constructif permettra, sans nul doute, l’émergence d’idées nouvelles et de solutions susceptibles d’améliorer encore le modèle de développement de nos pays.
Les avancées indéniables et reconnues de l’Afrique ne sont pas passées inaperçues et ont été suivies avec un intérêt croissant par la Communauté internationale.
Certes, la voie vers la prospérité est un processus complexe et de longue haleine. Néanmoins, les grandes aspirations des citoyens, notamment africains, ne peuvent se concrétiser qu’à travers des programmes de développement humain et économique inclusifs qui s’inscrivent dans une dimension régionale ou continentale.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Africain convaincu, Je plaiderai donc, une nouvelle fois, pour l’accompagnement de cette Afrique qui a su se forger sa propre destinée, à la faveur de réformes structurelles audacieuses engagées, à moyen et long termes, dans de multiples secteurs.
Il est de notre devoir de promouvoir des stratégies novatrices et des politiques ambitieuses, fondées sur les succès d’ores et déjà acquis et s’inspirant d’initiatives mondiales réussies, adaptées à la diversité de nos réalités sociales, économiques et culturelles.
Il s’agira notamment, de renforcer le fonctionnement des institutions, de conforter la bonne gouvernance et d’améliorer substantiellement la qualité de l’utilisation des fonds publics.
Par ailleurs, la richesse de l’Afrique en capital humain constitue, aujourd’hui, une opportunité unique pour son développement. Participant pleinement à une transformation économique vertueuse du Continent, la jeunesse africaine, loin de constituer un handicap, s’avère un atout majeur.
Aussi l’élaboration et la mise en œuvre de politiques judicieuses en matière d’éducation, de formation professionnelle et de santé, permettront-elles une meilleure insertion de ces jeunes dans le tissu socio-économique de nos pays. Ces initiatives se traduiront par une croissance accrue, inclusive et soutenue, qui engendrera création d’emplois et augmentation de productivité.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Notre Continent regorge également d’énormes ressources naturelles qu’il importe de valoriser pleinement.
Dans ce sens, la transformation du secteur agricole, la mise en place de passerelles et de synergies avec son pendant industriel permettront également de créer des emplois.
La transformation de l’agriculture africaine devra s’opérer à tous les niveaux, de la production primaire à la valorisation agro-industrielle. Elle permettra de mieux exploiter le potentiel agricole considérable de notre Continent, en l’occurrence ses terres arables, et de pallier les difficultés socio-économiques subies par les acteurs de ce secteur, difficultés liées notamment à une productivité relativement faible.
Cela nous conduit à évoquer le concept de «Révolution verte ». Cette révolution verte que nous souhaitons repose sur le renouvellement profond des technologies, des modes de production, adapté au contexte africain et au changement climatique.
Je suis heureux de voir que les engagements pris par le Maroc, en vue d’accélérer la croissance agricole et de réaliser un développement durable en Afrique, contribuent utilement à satisfaire, à l’échelle continentale, les besoins alimentaires de tous les Africains.
L’industrie africaine, quant à elle, manque encore de compétitivité. Ses deux principaux défis sont le développement d’activités innovantes et la formation d’une main-d’œuvre qualifiée.
En même temps que l’investissement privé, des formes nouvelles de financement et de partenariats doivent graduellement se développer afin de favoriser la multiplication de projets porteurs de transformation et d’accélérer leur rythme d’exécution.
Enfin, nous ne pouvons ignorer qu’il est urgent de régler définitivement et avec pragmatisme le manque d’infrastructures sur notre Continent. Nous savons tous que là où sont établis des routes, des connections et des réseaux, le développement passe et la précarité disparaît.
Excellences, Mesdames, Messieurs,
Il est temps de reconfigurer les priorités stratégiques de la Communauté internationale en reconsidérant l’apport de l’Afrique. A la lumière des récents développements et des avancées reconnues du Continent, il est primordial que notre Continent soit au centre d’un échiquier mondial redessiné et qu’il se fasse entendre sur la scène internationale.
L’Afrique est ouverte à des partenariats multidimensionnels couvrant les domaines institutionnels et politiques, économiques, sociaux et environnementaux, aussi bien que les sphères liées à la prévention de la radicalisation et à la lutte contre le terrorisme.
En conjuguant le potentiel de la coopération Nord-Sud et les expériences des uns et des autres, les décideurs peuvent construire une coopération plus solide, plus réaliste et surtout plus équitable. C’est en ce sens qu’un partenariat Nord-Sud rénové prend toute sa mesure.
Je suis persuadé que, en étant soudée, solide et pragmatique, l’Afrique pourra se positionner dans un tel processus. A cet égard, Je relève, avec satisfaction, la volonté commune d’aboutir à une plus grande intégration entre pays africains.
Cette intégration nécessite que l’ensemble des intervenants, publics et privés, se saisissent avec pragmatisme de toutes les opportunités qu’ils répondent solidairement aux défis et aux menaces.
Mesdames, Messieurs,
Aujourd’hui, l’ère d’une Afrique passive qui pâtit de son environnement complexe est dépassée. Une Afrique qui s’engage se substitue à une Afrique qui subit.
A cet égard, les potentialités et les atouts du Continent sont mieux exploités et appréhendés quand une croissance à forte intensité rejaillit sur l’ensemble de la population.
Le Continent se dirige résolument vers la prospérité ; il se transforme rapidement selon son propre modèle et des partenariats aujourd’hui très diversifiés. Ainsi se dessine une Afrique des alternatives et non pas des contraintes.
Néanmoins, pour préparer le futur des jeunes générations africaines, les efforts doivent être canalisés et les objectifs arrêtés fermement poursuivis.
Au-delà des partenariats traditionnels, Sud-Sud ou Nord-Sud, toujours plus nombreux et plus dynamiques, Je vous invite à réfléchir à de nouveaux cadres d’échanges et de partenariats, au service d’un meilleur avenir à nos populations.
Je vous remercie”.