SM le Roi Mohammed VI a prononcé, jeudi à Bamako, un discours à l’occasion de l’investiture solennelle du nouveau président malien, Ibrahim Boubacar Keita, dont voici le texte intégral:
“Louange à Dieu,
Prière et salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons.
Monsieur Ibrahim Boubacar Keïta, Président de la République du Mali,
Madame et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les Présidents et Représentants des Institutions de la République malienne,
Excellences, Mesdames et Messieurs.
Ma présence auprès de vous, en ce jour riche de sens, se veut l’expression de l’amitié du peuple marocain et le témoignage de son attachement à la relation toute singulière qui le lie au peuple Malien.
En ce moment solennel, Je voudrais renouveler mes vives félicitations au Président Ibrahim Boubacar Keïta, pour son élection à la magistrature suprême du pays.
Mes vœux ardents de succès accompagneront Votre action au service des aspirations légitimes du peuple malien à la paix, à la concorde et au progrès.
En cette occasion, J’ai une pensée toute particulière pour le Président intérimaire, M. Dioncounda Traoré, qui a su conduire avec sagesse la délicate phase de transition.
A cet égard, Je souhaite rendre hommage aux Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO et du Tchad pour les efforts déployés aux côtés du Mali frère, dans l’épreuve douloureuse qu’il vient de traverser.
Je voudrais aussi réitérer mes remerciements au Président de la République française, M. François Hollande, pour l’appui franc et déterminant apporté par la France et pour le dynamisme et le courage de sa diplomatie, au service de la paix et de la stabilité du Mali.
Monsieur le Président,
Malgré les difficultés que l’on disait insurmontables, le Mali a réussi des élections présidentielles transparentes et crédibles, dans l’exercice de la souveraineté du pays, de sa stabilité et de son unité.
Cette réussite est, sans conteste, la réponse la plus judicieuse aux errances, partout ailleurs dans le Monde, des radicaux et extrémistes de tous bords.
Si nous nous félicitons tous de la victoire collective sur les forces obscurantistes et séparatistes au Mali, nous sommes tous conscients de l’ampleur des défis qui l’attendent, dans cette phase nouvelle de réconciliation et de reconstruction nationales:
- Une réconciliation apaisée entre tous les fils du Mali, ouverte à toutes les sensibilités. La création d’un “Ministère en charge de la Réconciliation nationale et du Développement des régions du Nord” constitue les prémices mobilisatrices de cette réconciliation.
- Une reconstruction durable par la consolidation de ses institutions politiques, représentatives et sécuritaires, par la mise à niveau de ses infrastructures de développement et enfin, par la restructuration de son champ religieux.
Tout cela, dans le strict respect de la pleine souveraineté et du libre choix des Maliens.
Monsieur le Président,
La présence significative, aujourd’hui à Bamako, des amis du Mali, témoigne, à l’évidence, de leur engagement commun à continuer à Vous soutenir fidèlement dans Votre mission, à la fois délicate et exaltante.
Ainsi, la Communauté internationale demeurera à Vos côtés pour l’établissement d’une nouvelle gouvernance politique et territoriale, adaptée aux spécificités géographique, économique et culturelle du pays.
Monsieur le Président,
La singularité culturelle du Mali a, de tout temps, constitué une composante majeure du patrimoine islamique et de l’identité africaine.
Toute action coordonnée internationale qui n’accorderait pas l’importance requise à la dimension cultuelle et culturelle, serait vouée à l’échec. Le partenariat que le Royaume entend offrir en faveur de la reconstruction matérielle et immatérielle du Mali, s’inscrit pleinement dans cette philosophie.
Il est indispensable de réparer les destructions matérielles et de soigner les blessures symboliques, par la réhabilitation des mausolées, la remise en état des manuscrits, leur préservation, et la redynamisation de la vie socio-culturelle.
La tradition et la pratique de l’Islam au Maroc et au Mali ne font qu’un. Elles se nourrissent des mêmes préceptes du “juste milieu”. Elles se réclament des mêmes valeurs de tolérance et d’ouverture à l’autre, et demeurent le fondement du tissu spirituel continu qui a lié nos deux pays.
Guidé par ce socle cultuel commun et conscient des enjeux de sa préservation face à toutes les dérives, Je Me félicite de la signature d’un accord portant sur la formation, au Maroc, de 500 Imams maliens, sur plusieurs années.
Cette formation, effectuée en 2 ans, sera consacrée essentiellement à l’étude du rite malékite et de la doctrine morale qui rejette toute forme d’excommunication.
Monsieur le Président,
Attaché à la coopération Sud-Sud, le Maroc ne ménagera aucun effort pour accompagner le Mali, pays frère et voisin, dans les secteurs socio- économiques que Votre pays estimera prioritaires.
Il apportera son appui aux programmes maliens de développement humain, notamment en matière de formation des cadres, d’infrastructures de base et de santé.
Dans ce contexte, le Royaume du Maroc a installé, ces derniers jours, à Bamako, un hôpital militaire de campagne, à vocation pluridisciplinaire, appuyé par une aide médicale et humanitaire d’urgence.
Enfin, notre coopération encouragera la Communauté des Affaires à s’impliquer davantage dans la promotion des échanges et des investissements entre nos deux pays, favorisant ainsi l’emploi et le transfert des compétences et des capitaux.
Monsieur le Président,
Dans cette importante mission de reconstruction, tous les pays africains frères ont un rôle essentiel à remplir.
Malheureusement et en dépit de ces enjeux, certains Etats et parties s’emploient à détruire, au moment où d’autres choisissent de construire.
C’est en vertu de sa riche et inaliénable tradition de coopération avec les Etats frères subsahariens que le Maroc entend remplir activement sa part de responsabilité historique.
Je n’ai cessé d’accorder une attention toute particulière à cet axe essentiel des relations extérieures du Maroc, veillant personnellement à son renforcement.
Le Maroc, membre fondateur de l’OUA, ne siège pas au sein de l’Union Africaine. Depuis, il n’a cessé, en toute liberté, d’initier, plus qu’auparavant, des actions concrètes et de réaliser, avec davantage d’efficacité, des projets probants. Des résultats significatifs sont aujourd’hui atteints que le Maroc entend renforcer par la poursuite de ses efforts inlassables de solidarité avec ces pays frères.
Monsieur le Président,
Le rêve d’un Mali pacifié est aujourd’hui réalité. Dans la nouvelle page de l’histoire malienne qui s’écrit, le Maroc restera le partenaire fidèle et engagé de Votre pays.
Je vous remercie pour votre attention.
Wassalamou alaikoum warahmatoullahi wabarakatouh”.